Romy Schneider

7

8

Environ quatre ans plus tôt, j'ai vu le film original, plus connu et mieux considéré, de Leontine Sagan et Carl Froelich, en noir et blanc, daté de 1931. Je l'avais noté "9".

Ce remake de 1958 offre du Douglas Sirk en Forêt noire avec Romy Schneider, un an après son troisième et dernier Sissi.

Plastiquement parfait, avec de fabuleux contrastes de bleus profonds et de jaunes orangers, c'est un chef-d'œuvre du cinéma allemand d'après-guerre. C'est clairement une source d'inspiration majeure de Werner Fassbinder. À se demander pourquoi il n'a jamais engagé l'actrice.

Rappelons qu'aucun homme n'apparaît dans ce film culte des lesbiennes. Et que, comme son titre l'indique, les jeunes filles sont en uniforme, à la merci d'une directrice frustrée et sadique, ce qui annonce les joies du WIP (Women In Prison), de la nunexploitation et de la nazisploitation (exacerbé par le caractère allemand du film). De quoi réjouir les plus fins pervers.

Vu une très belle copie (seulement deux ou trois petites sautes aux extrémités de bobines) seulement sous-titrée en anglais (mais compréhensible à 85%), en mars 2018 dans la salle Ledoux. La copie exceptionnelle venait de l'Université de Los Angeles.

10

Minuscule rôle pour Romy Schneider dans le film de son amant Alain Delon.

8

J'ai patienté très longtemps avant d'enfin découvrir, malheureusement en DCP, dans la salle 2 du Palace en mai 2023, le bien réputé "Le combat dans l'île". Projeté à Flagey, certainement en 35mm, vers 2017, j'avais attendu une projection moins chère à la Cinematok, en vain.

Il s'agit en réalité d'une version sombre de "Jules et Jim" de François Truffaut (sorti huit mois plus tôt) avec des influences de "Le Petit Soldat" de Jean-Luc Godard (tourné en 1960).

Ce qui distingue le premier long métrage d'Alain Cavalier, assistant de Louis Malle sur "Ascenseur pour l'échafaud" et "Les amants" en 1958, est la belle photographie de Pierre Lhomme et la qualité d'interprétation de Jean-Louis Trintignant et Romy Schneider, dans son premier rôle en France (pistonnée par l'agent de son amoureux Alain Delon.) À signaler un des deux acteurs principaux de "Jules et Jim". Et la fabuleuse voix off de Jean Topart. Jean-Pierre Melville jouerait un petit rôle, mais je ne l'ai pas reconnu.

Cependant, l'argument devient de plus en plus invraisemblable, avec notamment un terroriste médiatisé qui ne se cache pas et se rend tous les soirs dans le même petit théâtre parisien, sa femme qui n'est pas suivie par la police ou le renseignement, des personnes menacées de mort qui n'appellent pas la police etc.

À peine deux mois plus tard, la Cinematok projette une copie d'origine sans sous-titre dans la salle Plateau. L'occasion de constater que l'intelligence artificielle a ajouté abusivement du contraste. En pellicule, les nuances de gris des paysages des campagnes près de la Seine, magistralement filmés par Pierre Lhomme, sont encore plus envoûtantes.

gros 8

Petit rôle pour Romy Schneider dans mon film préféré d'Orson Welles.

10

8

9

Vu plusieurs fois à la télévision dans les années '80 et revu à la Cinematok vers fin 2013.

M'a fait penser aux mélodrames exagérés (avec coïncidences de mise en scène énormes) et assumés du muet. Ici dans la moyenne bourgeoisie parisienne du début des années 1970.

8

Plaisante fantaisie policière qui prend une tournure tragico-romantique (scénario délicat coécrit avec Jean Dabadie.)

Ce qu'il y a de bien avec les films de cette époque c'est que l'argent et les classes sociales ne sont pas niées comme aujourd'hui, après quarante ans de libéralisme-libertaire qui prétend que chacun a sa chance. Et qui a importé une immigration de masse pour remplacer et écraser l'ancien prolétariat.

Les médias de masse faisaient preuve d'humanité. Aujourd'hui, ils invitent le tatoué Georges-Louis Bouchez. Nous sommes tombés bas dans la vulgarité.

Le gang de ferrailleurs de Nanterre est malheureusement trop pittoresque, artificiel, comme dans le cinéma français des années 1930.

Dans un second rôle important, l'excellent François Périer. Et Bernard Fresson, impeccable.

Revu, après très longtemps, en mai 2023 en salle 3 du Palace.

9

Situé dans la classe moyenne supérieure de la France du plein emploi, où des plasticiens (peintre, auteur de bande dessinée) vivent confortablement, "César et Rosalie" rappelle "Jules et Jim" (1962), "Nous ne vieillirons pas ensemble" (sorti six mois plus tôt) et les pires leloucheries, notamment à cause du dernier tiers, de plus en plus artificiel, et de la fin extrêmement ridicule.

Il s'agit d'un triangle amoureux entre un parvenu flambeur et jaloux, un ténébreux beau gosse sans défaut et une « femme libérée » qui sert à table quand même son homme, juste avant de le laisser tomber comme un tampax usagé. "César et Rosalie" précède de deux ans un autre film emblématique de l' « émancipation » féminine : "Emmanuelle" de Just Jaeckin. Ces théories bourgeoises appliquées au prolétariat, forcément plus fragile, a engendré le remplacement d'une population par une autre et la fin d'une civilisation.

Plusieurs éléments à priori anecdotiques attirent l'attention :

Le fait que les personnages ne cessent de commettre ce qui, cinquante ans plus tard, est aujourd'hui considéré comme des délits (menaces avec couteau, coups et blessures avec du sang, violation de domicile avec effraction etc.) et fait l'objet de plainte au pénal, convocations à la police, frais d'avocat et de justice, peine de prison, prescription après seulement dix ans, demandes d'indemnisation disproportionnées qui endettent jusqu'à la fin de la vie, alors qu'à l'époque il n'y avait aucune conséquence et les personnages devenaient même amis très proches. En un demi-siècle, la qualité de la vie s'est fortement dégradée. Je suis content de ne pas avoir d'enfant dans le monde de "Big Brother", et ultra-libéral, actuel.

La tabagie et l'usage immodéré de l'alcool social, ce qui est resté dans les normes jusqu'à la fin des années 1990.

La notion du temps : L'auteur de bande dessinée, dont Rosalie est amoureuse, est parti aux USA cinq ans plus tôt. Elle s'est ensuite mariée avec un peintre qu'elle n'aime pas, mais avec qui elle a eu un enfant, avant de le divorcer pour César. Cela paraît beaucoup en cinq ans, à l'heure où la prescription pour simple insulte est de deux fois cinq ans, donc dix ans. Mais pire, à la fin (! SPOILER !), Rosalie part, la voix de Michel Piccoli raconte donc que Samy Frey s'est occupé d'Yves Montand, puis qu'ils se sont moins vus, mais vus quand même, avant un nouveau départ de Frey aux USA, puis qu'il est revenu en France et que les deux hommes vivent maintenant ensemble. Quant à Romy, elle a refait sa vie à Grenoble... Et, selon l'imagination invraisemblablement tordue des scénaristes, elle revient retrouver ses deux amants... Tout ça en une seule année !!! (! FIN DU SPOILER !)

À noter, dans un petit rôle (mais son premier d'une telle importance), la très jeune Isabelle Huppert.

Découvert dans la salle Ledoux en septembre 2022.

9

10

(À ne pas confondre avec "Le train" (1964) de John Frankenheimer, avec Burt Lancaster, Jeanne Moreau et Michel Simon.)

Cette bluette pour aspirantes madames Bovary des trente glorieuses est surtout un film de propagande avec de brutaux nationaux-socialistes et une gentille juive, jouée par une actrice qui n'a rien de sémite pour convaincre le spectateur qu'ils sont comme tout le monde.

C'est aussi un produit de destruction de la famille, une apologie de l'adultère, présenté comme délicat. Le but était déjà de remplacer la petite classe moyenne autochtone par l'importation d'un nouveau prolétariat. Il fallait donner aux masses, comme exemple à suivre, des gourgandines (Bardot dans "Et Dieu... créa la femme" en 1956, scénarisé par un certain Raoul Lévy, ou la franchise des "Emmanuelle" produite par Alain Siritzky). Notamment, le personnage joué par Anne Wiazemsky se vante d'avoir eu trois amants en même temps, de telle sorte qu'elle ignore lequel est le père de son enfant. Trintignant trahit sa fort charmante épouse, toute fraîche, pour une Romy au visage déjà fatigué par l'alcool et les médicaments, mais trop maquillée pour une fugitive dans un wagon à bestiaux.

L'inattendu épilogue est également fort discutable.

Reste une agréable photographie de Walter Wottitz ("L'armée des ombres" en 1969, "Un flic" en 1972, "L'humeur vagabonde" en 1971, ...) et quelques tronches du cinéma français de l'époque comme Maurice Biraud ou Régine (d'origine ashkénaze.)

Le montage de Jean Ravel ("La jetée" en 1962, a aussi collaboré avec Jean Rouch, Joris Ivens et sa femme, François Reichenbach, Mario Ruspoli, William Klein, ...) donne heureusement un peu de relief.

Découvert en juillet 2023 dans la salle Plateau.

7

Comédie cynique légèrement érotique, aux grosses faiblesses de scénario, avec quelques tronches du cinéma français d'alors, dans de somptueux décors art déco.

Vu fin 2013.

8

C'est précisément le genre de film qui m'aurait bouleversé à 25-35 ans, mais que j'ai découvert vingt ans trop tard, à un âge où la passion sexuelle semble incongrue, une vaine perte d'énergie.

En outre, des acteurs surjouent, c'est parfois grotesque, grand-guignol, presque italien, alors que nous sommes dans le registre de l'intimité. Les acteurs hurlent, la caméra tourbillonne. L'atmosphère est purulente. La mise en scène m'a rappelé "Le dernier tango à Paris" (1972) de Bernardo Bertolucci.

Au fond, il ne s'agit que d'un banal triangle avec Romy Schneider en "femme libérée" (ce qui signifie qu'elle n'a pas besoin d'un prétexte pour tromper, mais un seul ténébreux regard suffit), un attachant Jacques Dutronc en cocu cinéphile (dans un rôle qui a peut-être été écrit pour Jean-Pierre Léaud) et, surprise, Fabio Testi, figure du western spaghetti et du giallo, en amant.

À noter la musique de Georges Delerue qui, curieusement, recycle celle de "Le mépris" (1963) de Jean-Luc Godard. Avec Klaus Kinski, déjanté, dans un second rôle. Et Gérard Zimmermann dans un petit rôle (ne l'ai pas reconnu.)

C'est très catholique polonais aussi, avec amour naïf d'un bel inconnu pour lequel on trompe le mari qu'on ne peut pas blesser par gratitude, mais qu'on méprise quand même, avec sacrifice qui se termine dans le sang et la mort.

Tout ceci ressemble à un salmigondis (un peu comme "Nada" de Claude Chabrol et Jean-Patrick Manchette, avec le même acteur du bis italien, sorti l'année précédente.)

Reste le grand plaisir de découvrir, à notre époque aseptisée, du véritable cinéma démesuré pour adultes avec des personnages glauques, du cul, de la drogue et du suicide. C'était un temps où l'on citait, dans un média de masse au succès populaire, "Maciste" et "Zorro", des héros que les zéros qui programment à la Cinematok de Gerbik ne semblent pas connaître.

En fin de compte, le furieusement outrancier "L'important c'est d'aimer" apparaît comme le brouillon du film suivant du cinéaste, le plus abouti "Possession" (1981) avec Isabelle Adjani.

Découvert en DCP, en salle 2 du Palace, en mai 2023.

9

9

Film de complot immobilier dans la veine des films de complots politiques de l'époque.

Avec Michel Piccoli et Jacques Dutronc jeune. Charles Denner joue un second rôle. Plaisir de revoir des tronches du cinéma français d'alors comme Julien Guiomar ou Jean Buise. Il y a aussi Romy Schneider, déjà vieillie (37 ans), un peu bouffie, qui joue un petit rôle.

Encore une fois Sautet présente un film choral où riches et pauvres, patrons et ouvriers, vivent invraisemblablement en bonne harmonie, notamment en buvant de l'alcool ensemble et se partageant les femmes.

Apologie de la prostitution, présentée comme un moyen de gagner sa vie comme un autre.

De la nudité gratuite (sans montrer les sexes) dont les seins de Nathalie Baye (qui joue un petit rôle).

Naïf aveuglement post-68.

Trop de coïncidences. La dernière demi-heure est fort inhabituelle, bizarre, mais n'est pas une totale réussite.

La qualité de la photographie est supérieure à la moyenne, surtout si on la compare avec celles d'aujourd'hui.

Vu une copie d'époque bien conservée dans la salle Plateau en juin 2019.

8

Scénario de Jean Dabadie (remarquablement actif pendant la décennie 1972-82, il a écrit en 1974 "Je sais" déclamé par Gabin et en 1982 "Femmes je vous aime", mais aussi notamment "Une belle fille comme moi" de François Truffaut, "Vincent, François, Paul... et les autres" de Claude Sautet, "La Gifle" de Claude Pinoteau, "Le Sauvage" de Jean-Paul Rappeneau et "Un éléphant ça trompe énormément" d'Yves Robert) artificiel (la plupart des personnages travaillent dans la même entreprise, partagent leurs confidences intimes et passent leurs week-ends et soirées ensemble. Ils font bien sûr partie du domaine créatif qui fournit tant d'emplois dans les fictions médiocres) qui n'évite pas quelques clichés.

C'est essentiellement un document sur les normes sociales de la moyenne bourgeoisie post-soixante-huitarde, quand tromper son partenaire sexuel était normal. Une apologie de l'égoïsme féminin. C'est un film féministe comme "An Unmarried Woman" de Mazursky. Même la prostitution est considérée comme normale.

À noter une belle photographie signée Jean Boffety (notamment "Je t'aime, je t'aime" d'Alain Resnais en 1968 et "La dentellière" de Claude Goretta en 1977) avec deux plans époustouflants dans la nature fleurie. Vu une copie d'époque bien conservée dans la salle Ledoux en août 2017.

8

9

Film français d'anticipation tourné en Écosse (j'ai d'abord cru être dans une ville du Nord-Est des USA, puis dans la banlieue de Londres, avant d'apprendre dans le générique final que c'était Glasgow, puis la campagne écossaise, les deux très joliment filmés en Panavision, la ville étant particulièrement sinistre.)

C'est prometteur car il y a Romy Schneider dans un de ses derniers rôles, anticipant son futur proche, Harvey Keitel à l'époque où il ne cabotinait pas encore et Max von Sidow doublé en français par Jean Topart, le narrateur du feuilleton d'animation "Rémy, sans famille". Il y a aussi Harry Dean Stanton également doublé.

Le problème est que le scénario semble invraisemblable, même dans le contexte du film : la première télé-réalité à ses débuts va trop loin, il n'y a pas de progression dans les transgressions éthiques. Les téléspectateurs acceptent directement le pire, sans la moindre voix contraire ou contestation critique. De surcroît un telle énorme production audiovisuelle d'envergure internationale est réalisée par une chaîne de télévision située dans quelques locaux ordinaires, employant visiblement une quinzaine de personnes, sans véritable surveillance d'une quelconque direction. On dirait une chaîne locale wallonne.

Il y a aussi une totalement ridicule « zone » pour pauvres, kitsch, de type téléfilm pour enfants. Avec boutiques alternatives et figurants beaucoup trop bien rangés. On dirait une brocante branchée vintage, dans le port d'Ostende, ou en Outremeuse.

La narration autour des hommes de Romy Schneider est superficielle, inaboutie. On ne comprend pas notamment sa relation avec von Sidow. Ni celle de Harvey Keitel avec son épouse. Ces histoires d'amour semblent issues de l'imagination et ne sont pas crédibles, pour la même raison (dans la réalité, soit il y a rupture et le lien est définitivement rompu, soit il n'y a pas vraiment de rupture et le lien ne s'interrompt pas. Les exceptions à ces règlent restent très exceptionnelles.)

La fin ne m'a pas paru satisfaisante. Néanmoins quelques rares bonnes idées, comme les manifestants professionnels.

La version originale est peut-être plutôt en anglais. Mais attention, il y aurait une version raccourcie remontée, diffusée en Amérique du Nord.

D'autres films se rapprochent de celui-ci comme le plus réussi "Rollerball". A aussi des correspondance avec le très petit budget gore surréaliste "Last House on Dead End Street" . Il y a aussi "Le monde sur le fil" de Fassbinder ou "Fahrenheit 451" de François Truffaut. J'ajoute "Alphaville" de Jean-Luc Godard. Après seront réalisés "Le prix du danger" d'Yves Boisset, dont "Running Man" avec Arnold Schwarzenegger sera le remake américain. Je n'oublie pas "1984" dans la liste.

Vu la version française dans la salle Ledoux en mars 2019.

8

Vu un jeudi après-midi à la Cinémathèque royale, lorsque cette case était réservée au cinéma populaire.

8

8

Dernier rôle de Romy Schneider, ce qui fut un événement à la sortie.

Lâche direction d'acteurs de Rouffio. Parfois on cabotine, parfois on joue comme dans un Bresson, parfois comme au théâtre. Les figurants ne sont pas bien dirigés non plus. Mise en scène laborieuse. Décevant de la part de l'auteur de quelques œuvres pertinentes dans les années '70.

Film de procès avec, très apparents, les défauts du genre. Film de scénario auquel le spectateur ne croit pas, trop manichéen et invraisemblable.

L'animateur Jacques Martin joue un second rôle pour lequel il était l'idéale incarnation. Jacques Nolot et Jean Reno, jeunes, apparaissent dans un très petit rôle.

Vu à la télévision plusieurs fois au milieu des années '80 et revu en juillet 2018 dans la salle Ledoux.

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10